Ballade en l’honneur de sa Mie
Je ne vois que marionnettes
Comme celles de Fagotin.
L’un est amoureux des planètes,
Cet autre court dès le matin
Pour un bracelet florentin
Ou pour un livre d’alchimie.
Moi qui me fie à mon destin,
Je ne veux du tout que ma mie.
On peut s’aller pendre aux sonnettes
Pour obtenir un picotin;
On peut débiter des sornettes
Avec l’aplomb d’un libertin;
On peut s’enivrer au festin;
On arrive à l’Académie
Avec un livre clandestin;
Je ne veux du tout que ma mie.
Ils se pâment pour des nonnettes
Qui font leur babil enfantin
A la façon des serinettes.
Pourvu qu’elles aient l’air mutin,
Des hommes de Romorantin
Couvrent la plus sèche momie
De diamants et de satins:
Je ne veux du tout que ma mie.
Envoi.
Que Rothschild garde son butin,
Leverrier son astronomie,
Et monsieur Nisard son latin,
Je ne veux du tout que ma mie.
Janvier 1862.