Ballade pour annoncer le Printemps
Elle frémit, la brise pure,
Dans ce beau jardin de féerie
Où le ruisseau jaseur murmure.
Le printemps affolé varie
Sa merveilleuse broderie,
L’eau chante sous les passerelles;
Tout tressaille dans la prairie
A la façon des tourterelles.
Les arbres dans l’allée obscure
Où babille la causerie
Laissent leur jeune chevelure
Flotter avec coquetterie.
C’est le temps où le ciel vous crie
D’oublier chagrins et querelles,
Et de vivre en galanterie
A la façon des tourterelles.
L’insecte court dans la verdure.
Le bois est plein de rêverie;
La nymphe a quitté sa ceinture,
Le sylphe avec idolâtrie
Baise la pelouse fleurie,
Les fleurs ont ouvert leurs ombrelles;
Enfants, il faut qu’on se marie
A la façon des tourterelles.
Envoi.
La colombe murmure et prie
Et chuchote sur les tourelles:
Mariez-vous, belle Marie,
A la façon des tourterelles.
Avril 1861.