En silence
Oui, lève encor ton sourcil noir !
Oui, puisque tu le veux, j’oublie
Ce vin amer du désespoir,
Ce vin noir dont j’ai bu la lie,
Et tranquillement je m’enivre
Du bonheur de te sentir vivre.
Mon cœur brûlé d’un long souci,
Tu le veux, s’emplira de joie.
Laisse-moi me coucher ainsi
A côté du coussin de soie
A fleurs d’or, où ton pied se pose
Fier, avec ce talon de rose !
Laisse-moi regarder longtemps
En silence, comme un avare,
Tes grands cheveux, d’or éclatants,
Ta prunelle, ce joyau rare
Qu’une frange noire protège,
Et ton sein ! et ton sein de neige !
Février 1861.