Le Rossignol

Théodore de Banville
par Théodore de Banville
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Vois, sur les violettes

Brillent, perles des soirs,

De fraîches gouttelettes !

Entends dans les bois noirs,

Frémissants de son vol,

Chanter le rossignol.
Reste ainsi, demi-nue,

A la fenêtre ; viens,

Mon amante ingénue ;

Dis si tu te souviens

Des mots que tu m’as dits,

Naguère, au paradis !
La lune est radieuse ;

La mer aux vastes flots,

La mer mélodieuse

Pousse de longs sanglots

De désir et d’effroi,

Comme moi ! comme moi !
Mais non, tais-toi, j’admire,

A tes genoux assis,

Ta lèvre qui soupire,

Tes yeux aux noirs sourcils !

C’était hier ! je veux

Dénouer tes cheveux.
O toison ! ô parure

Que je caresse encor !

Non, tu n’es pas parjure,

Ma belle aux cheveux d’or,

Mon ange retrouvé !

J’étais fou. J’ai rêvé.
Juin 1860.

Théodore de Banville

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