L’Éducation de l’amour

Théodore de Banville
par Théodore de Banville
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Quand le premier des Dieux, Amour, pendant mille ans

Eut tenu sous son joug les cieux étincelants,

La terre immense et tous les êtres qui respirent,

Las de souffrir par lui, les Immortels se dirent :

Ah ! qu’un autre vainqueur, formidable et serein,

Paraisse, armé de l’arc et des flèches d’airain ;

Qu’il porte dans un flot de flamme et de fumée

Sa torche au Phlégéton furieux allumée ; .

Qu’il étende sur tous l’inflexible niveau,

Et nous respirerons sous ce maître nouveau.

Car comment sa colère, où grondera l’orage,

Pourra-t-elle égaler jamais l’aveugle rage

Du Dieu Titan, du roi funeste qui n’eut pas

De mère, et qui sema la terreur sur ses pas

Quand frémissaient encor du mot qui les sépare

Le noir Chaos, la Terre énorme et le Tartare !

Tels les Olympiens se plaignaient dans l’éther.

Bientôt d’une Déesse à l’œil limpide et fier

Un autre Éros naquit, charmant, sa lèvre pure

Tout en fleur, agitant de l’or pour chevelure

Et portant haut son front de neige, où resplendit

L’éclat sacré du jour. Mais quand Zeus entendit

Ses premiers bégaiements, plus doux qu’un chant de lyre,

Quand il vit ses regards de femme et son sourire

Où la caresse, les aveux, les doux refus

Erraient, il devina dans l’avenir confus

Tant de colère, tant de larmes, tant de crimes

Hâtant leurs pieds sanglants sur le bord des abîmes,

Tant de douleurs penchant le front, tant de remords

Hurlant de longs sanglots à l’oreille des morts ;

Il vit si clairement la trahison vivante,

Qu’il sentit dans son cœur s’amasser l’épouvante,

Et fronça par trois fois son sourcil triomphant.

Alors il ordonna que le petit enfant,

Nu, froid, maudit, victime au noir Hadès offerte,

Fût porté dans le fond d’une forêt déserte

De l’Inde, dans un lieu du jour même exécré,

Où jamais l’homme ni les Dieux n’ont pénétré,

Et dont les sourds abris et les rochers colosses

N’ont pour hôtes vivants que des bêtes féroces.

C’était un bois funèbre et pourtant merveilleux ;

Splendide et noir, baignant ses pieds dans les flots bleus

D’un golfe de saphir. Debout près de cette onde,

Il la voyait depuis les premiers jours du monde

Réfléchir son front noir. Tel son abri géant

Était sorti de l’ombre et du chaos béant,

Tel il avait grandi, sans que nulle aventure

Entamât une fois sa frondaison obscure,

Et sans que la bataille humaine aux durs éclairs

Tourmentât follement ses lacs profonds et clairs.

Les aloès, les grands tulipiers aux fleurs jaunes

Vivaient sans avoir vu les Nymphes et les Faunes

Qui brisent des rameaux pour en orner leur front.

Les énormes jasmins fleurissaient sans affront ;

D’autres arbres mêlaient, comme un riche cortège,

Des corolles de sang à des feuilles de neige.

Au fond d’un antre noir d’érables entouré,

Tout à coup surgissait un fleuve enamouré,

Mystérieux, baisant ses rives délicates

Et, par endroits, bordé de lotus écarlates.

Puis des rocs ; puis des monts neigeux, où les torrents

Charriaient des rubis ; dans les lointains mourants,

On ne sait quel flot bleu passe, et traverse encore

L’insondable océan de verdure sonore.

Là, la Création gigantesque apparaît

Toute nue. Un figuier plus grand qu’une forêt

Enfonce avec fierté, grand aïeul solitaire,

Trois cents troncs effrayants dans le cœur de la terre

Pour y prendre le suc de ses fruits au doux miel,

Et par mille rameaux boit la clarté du ciel.

Puis une fleur qui, même auprès du figuier, semble

Prodigieuse, au fond d’un calice qui tremble

Garde assez d’eau de pluie, alors que la forêt

Brûle, pour faire boire un Titan qui viendrait.

Ses boutons, sur lesquels un épervier se pose,

Qui paraissent des blocs polis de marbre rose,

Et que ne peut ouvrir le soleil étouffant,

Ont déjà la grosseur d’une tête d’enfant.

La vigne monstrueuse étreint les arbres comme

Un lutteur, puis en troncs pareils à des corps d’homme

Retombe, puis remonte et va bondir plus loin.

La végétation en démence n’a soin

Que de cacher le ciel avec ses créatures.

Le feuillage se dresse en mille architectures,

Forme une colonnade aux corridors profonds,

Sur les pics effarés pose de noirs plafonds,

Tapisse l’antre, grimpe aux montagnes, s’élance

Dans l’air bleu, tout à coup éclate en fers de lance,

Puis, noire frondaison que l’œil en vain poursuit,

Devient un néant fait de verdure et de nuit,

Là ruisselle de pourpre et d’argent, partout maître

Du sol, dans la liane en courant s’enchevêtre ;

Et des gémissements, des hurlements, des cris

Retentissent. Au bas des lourds buissons fleuris,

Des prunelles de flamme, ainsi que des phalènes,

S’allument, et l’on sent se croiser des haleines.

Aux racines traînant leurs cheveux, sont mêlés

Des reptiles ; dans les rameaux échevelés

Volent de grands oiseaux peints d’azur et de soufre ;

Des yeux rouges parmi l’obscurité du gouffre

Luisent, et les petits des louves dans leurs jeux

Se détachent tout noirs sur un plateau neigeux

Où brillent sur le blanc tapis jonché de branches

Des flaques de sang rose et des carcasses blanches.

Donc le petit enfant Éros fut apporté

Dans cette forêt, où, de spectres escorté,

Le meurtre au front joyeux par les espaces vides

Court, teignant dans le sang mille gueules avides,

Où la nature vierge, ivre de son pouvoir,

Sachant bien que les Dieux ne peuvent pas la voir,

Heurte ses ouragans, ses ondes, ses tonnerres,

Brise les rocs, meurtrit les arbres centenaires,

Déchaîne, groupe fou vers le mal entraîné,

Ses forces qu’elle emporte en un vol effréné

Et que jamais les lois célestes ne modèrent.

Quand il fut là, les grands lions le regardèrent.

Puis vinrent les bœufs blancs bossus, les loups aux dents

D’ivoire, le chacal, le tigre aux yeux ardents,

Les léopards, les lynx, les onces, les panthères,

Les sangliers, les doux éléphants solitaires,

L’hyène ; puis, sortis des arbres à leur tour,

Les oiseaux, l’aigle altier, le milan, le vautour

Cachant dans un lambeau souillé son bec infâme,

Les condors dont le vol est comme un jet de flamme,

Les rapides faucons, l’épervier qui sait voir

L’infini, le corbeau capuchonné de noir

Dont l’aile suit d’en haut les guerres infertiles,

Et les paons somptueux qui mangent des reptiles ;

Puis les serpents aux plis hideux ; et tous, formant

Un cercle, regardaient le pauvre être charmant

Sans défense, et déjà savouraient avec joie

La douceur de meurtrir cette facile proie.

Mais tout à coup, lancé d’en haut par l’arc vermeil

D’Apollon, un trait d’or, un rayon de soleil

Enflamma les cheveux d’Éros, sa lèvre rose,

Son front pur, sa narine où le désir repose,

Et, miracle ! sur son doux visage, le Dieu,

Le meurtrier parut, et, sur sa bouche au feu

Céleste et dans ses yeux brûlants qui nous attirent,

Ce que Zeus avait vu, ces animaux le virent.

Ils se dirent alors dans leur langage obscur :

Pourquoi tuer ce prince, échappé de l’azur ?

Regardez sa prunelle aventureuse, où nage

Dans la poussière d’or l’appétit du carnage,

Et ce sourire fait de miel et de poison,

Où déjà les baisers menteurs, la trahison,

Le meurtre, le courroux, les embûches, la ruse

Naissent, et cet attrait de l’enfance confuse

Dont sa mère a paré l’éternel ennemi !

Qui mieux que cet enfant né dans les cieux, parmi

Les éblouissements formidables des astres,

Sèmera sur ses pas la haine et les désastres,

Accablera de maux sans fin l’homme odieux

Et saura nous venger de la race des Dieux ?

Puisqu’il doit, ce fléau de la faiblesse humaine,

Prospérer pour le crime et grandir pour la haine,

Ne le déchirons pas ! qu’il vive parmi nous

Dans la grande forêt des vautours et des loups,

Où nul abri ne peut servir au daim timide,

Où, sous le verdoyant gazon toujours humide,

La terre boit toujours du sang frais, où la mort,

Toujours prête et jamais lassée, égorge et mord

Et dévore la vie, et comme elle fourmille.

Élevons-le plutôt, nous serons sa famille.

Sous l’ombrage, écartant les rameaux querelleurs,

Ils lui firent un lit de feuilles et de fleurs,

Et sous ses boucles d’or, doucement protégées,

Ils mirent des toisons de bêtes égorgées.

Les louves, s’avançant vers lui d’un pas hautain,

Léchaient pour le polir son visage enfantin ;

Les lionnes voyant qu’il était fier comme elles,

Sur sa bouche de rose abaissaient leurs mamelles ;

Les gueules aux crocs blancs, ces fournaises de feu,

Baisaient le petit roi frissonnant du ciel bleu.

Des serpents, s’enroulant sur sa gorge ivoirine,

S’étalaient en colliers vermeils sur sa poitrine ;

D’autres, tordant leurs nœuds en soyeux annelets,

À ses jolis bras nus faisaient des bracelets,

Et comme un Pharaon d’Égypte en son repaire

Il avait pour bandeau royal une vipère.

Tout ce qui sait combattre et détruire et briser

L’enveloppait ainsi d’un immense baiser.

Le Dieu, passant de l’une à l’autre en ses caprices,

Buvait avidement le lait de ses nourrices,

Tout joyeux d’assouvir ses rudes appétits

De héros, ne laissait plus rien pour leurs petits,

Et, chaque soir, gorgé de vie et de caresses,

Il s’endormait repu sur le flanc des tigresses.

Au réveil, tous ces durs artisans de trépas

Étayaient de leurs corps puissants les premiers pas

De l’Exilé divin, né pour la grande lutte,

L’aidant, le consolant d’une légère chute,

En lui donnant aussi pour supporter le mal

La résignation morne de l’animal.

Il grandit, il devint fauve comme ses hôtes,

Marchant, courant déjà parmi les herbes hautes,

Nu, superbe, et portant, sauvage enfantelet,

Sur son épaule en fleur, que le soleil hâlait

Et dévorait jusqu’à l’heure du crépuscule,

La peau d’un lionceau, comme un petit Hercule.

Lui-même, de sa main mignonne, avait cueilli

La massue ; alors ceux qui l’avaient recueilli

Connurent qu’ils pouvaient, sans tarder davantage,

Donner au jeune roi des leçons de carnage.

Son heure était venue et, déjà belliqueux,

Il s’en alla dès lors à la chasse avec eux.

Comme Ariane dans Naxos, l’île enchantée,

Étendu sur un tigre à la peau tachetée,

Il les suivait, mêlant sa voix aux hurlements ;

Joyeux, montrant devant les torrents écumants

L’impassibilité magnifique des bêtes,

Il s’en allait pensif en guerre, en chasse, aux fêtes,

Au meurtre, et quand passaient, avec des bonds soudains,

La gazelle aux yeux bleus, l’antilope, les daims,

Les chêvres, les troupeaux de cerfs, les bœufs difformes,

Son tigre le posait sous les feuilles énormes,

Dans une solitude où rien ne le gardait,

Et là, les yeux tout grands ouverts, il regardait.

Il voyait le combat sinistre, la vaillance,

La victoire, comment le fier lion s’élance

Sur sa victime avec de grands bonds souverains,

La terrasse d’un coup de griffe sur les reins,

Puis la déchire ; et quand ce beau guerrier qui tue

Marchait, crinière au vent, sur sa proie abattue,

Quand le cerf éventré sur la terre appelait

Sa compagne en versant des larmes, et râlait,

Quand tout n’était que deuil, massacres, funérailles,

Quand le sol tout humide était jonché d’entrailles,

Quand tout autour du bois l’épouvante criait,

Le petit Éros blond et charmant souriait.

Plus tard même il entra nu parmi ces mêlées.

Ses tresses d’or au vent orageux déroulées,

Et sur les monts toujours le premier aux assauts,

Il aidait à leurs jeux les petits lionceaux,

Se jetant sur sa proie, étouffant dans ses courses

D’humbles victimes ; puis se lavant dans les sources,

Et n’ayant rien qui hors le combat lui fût cher ;

Dépeçant, enfonçant ses ongles dans la chair,

Dans les cris des mourants cherchant des harmonies

Et tout le long du jour enivré d’agonies,

De râles, de sanglots et de cris triomphants,

Excitant les lions contre les éléphants,

Tuant et se gorgeant de meurtre avec délices,

Poussant d’un pied haineux la panthère et les lices,

Donnant la chasse même aux monstres inconnus,

Pour les atteindre mieux montant des chevaux nus,

Orgueilleux de pouvoir, en ses fières allures,

Mordre, briser des dents, tordre des chevelures,

Et s’éveillant aussi quand le tigre avait faim.

C’est ainsi que l’enfant jouait, et lorsque, enfin

Las de voir sur les monts tout souillés de sa gloire

De larges ruisseaux noirs baigner ses pieds d’ivoire,

Il posait sa massue inerte sur son flanc,

Ses mains et ses bras nus étaient rouges de sang.

Pour rendre devant lui toute feinte inutile,

Il pouvait au besoin ramper comme un reptile ;

Il savait, se voilant d’un sourire amical,

Des cruautés de loup, des ruses de chacal,

Attendait l’ennemi dans l’ombre, et, taciturne,

Avait des yeux de feu comme un hibou nocturne.

Comme le bouc lascif il grimpait sur les rocs,

Et, sans être effrayé de leurs terribles chocs,

En poussant dans le flot sonore un bloc de marbre

S’élançait, comme un singe, aux minces branches d’arbre.

Puis, trouvant qu’il était le plus doux des fardeaux,

Les aigles, les condors l’emportaient sur leur dos,

Et, calme, il traversait l’éther comme une plume.

Souvent une cascade affreuse au front d’écume

Sans arrêter leur vol tombait sur leur chemin.

Le Dieu, pâle et riant, essuyait de sa main

Le vaste flot poudreux qui lui fouettait la face

Et dans l’air ébloui continuait sa chasse,

Fondant comme un milan sur quelque oiseau ravi,

Et tout aise et criant quand l’aigle inassouvi,

Ayant vu sur la terre une proie assez belle,

Descendait de l’azur et s’élançait sur elle,

Et, pour mieux divertir l’enfant malicieux,

L’emportait pantelante au plus profond des cieux.

Souvent encor, parmi les riants groupes d’îles

Éros voguait, porté par de bruns crocodiles,

Apprenant d’eux comment dans les ruisseaux taris,

Cachés par les joncs verts, ils imitent les cris

D’un nouveau-né qui pleure ; il suivait les batailles

Des poissons monstrueux aux luisantes écailles ;

Hôte guerrier du fleuve, il nageait sur ses bords

Près des chevaux marins et des alligators,

Ou parfois, se cachant dans une île écartée,

Penchait ses yeux ravis sur l’onde ensanglantée.

Enfin il se lassa de ces monstres soumis.

Ayant pensé qu’ailleurs de puissants ennemis

Pourraient occuper mieux sa bravoure et ses charmes,

Il voulut se munir de véritables armes

Pour secouer l’ennui d’un repos importun,

Et, quoiqu’il n’eût jamais vu d’arc, il en fit un.

Il cueillit une branche avec soin, lisse, droite,

Plus dure que l’airain, et de sa main adroite

La courba ; puis tressa des fibres, dont il fit

Une corde, et, mettant le désert à profit,

Sans souci de meurtrir la dépouille superbe

De ses compagnons morts, pour avoir une gerbe

De traits, il ajusta sur des bouts de roseau

Une griffe de tigre et des plumes d’oiseau.

Alors, sans un adieu jeté vers les clairières,

Fier d’avoir assorti ces flèches meurtrières,

Il prit sa course à l’heure où le ciel se dorait,

Et, le cœur tout joyeux, sortit de la forêt.

Il arriva d’abord près d’un lac dont l’eau pure

Réfléchissait le ciel dans la haute verdure,

Et dont le flot qu’un souffle émeut, rideau changeant,

S’effaçait à demi sous les lotus d’argent,

Ces lys chastes, ces lys faits en forme de rose !

Là, mêlant leurs beaux corps polis que l’onde arrose,

Des Nymphes s’y baignaient, fuyant l’âpre chaleur,

Couronnant leurs cheveux de la divine fleur,

Rieuses, folâtrant, voguant sur les eaux calmes,

Et parfois sur leurs fronts cueillant de vertes palmes

Pour leurs jeux, ou tressant des colliers odorants,

Ou, parmi la fraîcheur des doux flots murmurants,

Sœurs dociles, fendant l’écume en longues lignes,

Si belles qu’on eût dit une troupe de cygnes

Dans l’azur ! Mais voici que le cruel Amour,

Ayant tendu son arc, les frappa tour à tour

De ses flèches de feu. Les Nymphes éperdues,

Quittant le lac, au loin sur les roches ardues

Couraient, folles, sentant brûler leurs seins meurtris,

Arrachant leurs cheveux touffus, poussant des cris,

Ne sachant plus où fuir l’épouvantable outrage,

Et se roulaient dans l’herbe avec des pleurs de rage.

L’enfant Éros, content de ce premier exploit,

Regarda les grands cieux qu’il menaça du doigt,

Et, sans vouloir entendre une plainte importune,

Entra dans l’univers pour y chercher fortune.

Ô Muse, c’est ainsi que le dessein prudent

Du roi Zeus fut trompé ; c’est ainsi que, pendant

Son enfance, l’Amour apprit des tigres même

La cruauté, la ruse et la fureur suprême,

S’endormit près des grands lions dans les bois sourds,

Et fut le compagnon de guerre des vautours.

C’est ainsi que ce fils éclatant d’une mère

Adorable épuisa la jouissance amère

De voir pleurer, de voir souffrir, de voir mourir

Et de causer des maux que rien ne peut guérir.

Et c’est pourquoi tu fais notre dure misère,

C’est pourquoi tu meurtris nos âmes dans ta serre,

Amour des sens, ô jeune Éros, toi que le roi

Amour, le grand Titan, regarde avec effroi,

Et qui suças la haine impie et ses délices

Avec le lait cruel de tes noires nourrices !
Novembre 1864.

Théodore de Banville

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