Les Princesses

Théodore de Banville
par Théodore de Banville
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Je laisse à Gavarni, poëte des chloroses,

Son troupeau gazouillant de beautés d’hôpital,

Car je ne puis trouver parmi ces pâles roses

Une fleur qui ressemble à mon rouge idéal.

Charles Baudelaire, L’Idéal.
Les Princesses, miroir des cieux riants, trésor

Des âges, sont pour nous au monde revenues ;

Et quand l’Artiste en pleurs, qui les a seul connues,

Leur ordonne de naître et de revivre encor,
On revoit dans un riche et fabuleux décor

Des meurtres, des amours, des lèvres ingénues,

Des vêtements ouverts montrant des jambes nues,

Du sang et de la pourpre et des agrafes d’or.
Et les Princesses, dont les siècles sont avares,

Triomphent de nouveau sous des étoffes rares :

On voit les clairs rubis sur leurs bras s’allumer,
Les chevelures sur leurs fronts étincelantes

Resplendir, et leurs seins de neige s’animer,

Et leurs lèvres s’ouvrir comme des fleurs sanglantes.

Théodore de Banville

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