L’Étang Mâlo

Théodore de Banville
par Théodore de Banville
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Quand le froid de la mort enveloppe cette

argile souffrante, où va l’âme immortelle ?

Byron.
Il est un triste lac à l’eau tranquille et noire

Dont jamais le soleil ne vient broder la moire,

Et dont tous les oiseaux évitent les abords.

Un chêne vigoureux a grandi sur ses bords,

Et, courbé par le Temps jusqu’aux ondes, étale

Sur la cime des flots sa masse horizontale.

Son feuillage muet se tait malgré le vent ;

Le nymphaea, l’iris, le nénufar mouvant,

Le bleu myosotis et la pervenche sombre

Penchent étiolés, ou meurent sous cette ombre.

Ainsi, quand sur le coeur, dans sa jeune saison,

Amour ! tu fais tomber ta large frondaison

Et tes rameaux géants dont le fardeau l’accable,

Tout s’étiole et meurt sous ton ombre implacable.
Août 1844.

Théodore de Banville

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