Médée

Théodore de Banville
par Théodore de Banville
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Tandis qu’elle coupait cette racine, la terre mugit et trembla sous ses pas ; Prométhée lui-même res-sentit une vive douleur au fond de ses entrailles, et remplit l’air de ses gémissements.
Apollonios, L’Expédition des Argonautes, chant III. Trad. J.-J.-A. Caussin.
Médée au grand cœur plein d’un amour indompté

Chante avec l’onde obscure, et le fleuve en délire

Où ses longs regards voient les étoiles sourire

Reflète vaguement sa blanche nudité.
Pâle et charmante, près du Phase épouvanté

Elle chante, et la brise errante qu’elle attire,

S’unissant à ses vers avec un bruit de lyre,

Emporte ses cheveux comme un flot de clarté.
Ses yeux brûlants fixés sur le ciel sombre, où flambe

Une lueur sanglante, elle chante. Sa jambe

A des éclairs de neige à travers les gazons.
Elle cueille à l’entour sur la montagne brune

Les plantes dont les sucs formeront des poisons,

Et son jeune sein luit sous les rayons de lune.

Théodore de Banville

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