Reprise de La Dame

Théodore de Banville
par Théodore de Banville
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Mourir de la poitrine

Quand j’ai ces bras de lys,

La lèvre purpurine,

Les cheveux de maïs

Et cette gorge rose,

Ah ! la vilaine chose !

Quel poëte morose

Est donc ce Dumas fils !
Je fus, pauvre colombe,

Triste, blessée au flanc ;

Déjà le soir qui tombe

Glace mon jeune sang,

Et, j’en ai fait le pacte,

Il faut qu’en femme exacte,

Au bout du cinquième acte

J’expire en peignoir blanc !
Pourtant, j’aime une vie

Qu’un immortel trésor

Poétise, ravie,

Dans un si beau décor ;

J’aime pour mes extases

Les feux des chrysoprases,

Les rubis, les topazes,

Les tas d’argent et d’or !
Paris est une ville

Où mille voyageurs

Cherchent au Vaudeville

De pudiques rougeurs,

Où toute jeune fille

Aux façons de torpille

Peut avoir ce qui brille

Aux vitres des changeurs !
J’aime cette lumière

Qui, des lustres fleuris,

Tombe aux soirs de première

Sur ma poudre de riz,

Quand, aux loges de face,

Ma petite grimace,

Malgré leur pose, efface

Cerisette et Souris.
J’aime qu’en ma fournaise

Un lingot fonde entier,

Et que, pour me rendre aise,

Avec un luxe altier

De jeune Sulamite

Qui ne soit pas un mythe,

Plus d’un caissier imite

Grellet et Carpentier !
J’aime que le vieux comte

Soit réduit aux abois

En refaisant le compte

Des perles que je bois,

Enfin, cela m’allèche

De sentir ma calèche

Voler comme une flèche

Par les détours du bois !
J’aime que l’on me bouge

Un grand miroir princier,

Pour me poser ce rouge

Qui plaît à mon boursier,

Tandis que ma compagne,

Brune fille d’Espagne,

Sur l’orgue m’accompagne

Des chansons de Darcier !
Mais surtout, quand, dès l’aube,

S’éloigne mon sous-chef

Natif d’Arcis-sur-Aube,

Renvoyé d’un ton bref,

Dans ma main conquérante

J’aime à tenir quarante

Nouveaux coupons de rente,

Et du papier Joseph !
Janvier 1857.

Théodore de Banville

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