Soleil
Lorsque Juin fait même sourire
Le noir cachot,
Je n’aime pas entendre dire
Qu’il fait trop chaud.
Non. Pas assez chaud. Que notre âme
Au jour vermeil
Renaisse, prenne un bain de flamme
Et de soleil!
O Zéphyr, tandis que tu bouges
Dans le ciel bleu,
Que toutes les lèvres soient rouges
Comme du feu!
Que hors du corsage, sans honte
Les jeunes seins
Tressaillent, sans rendre nul compte
De leurs desseins!
Je veux dans les apothéoses
Entendre, autour
Du jardin, les bouches des roses
Crier d’amour!
Oublions les matins livides,
Flore aux abois,
La malignité des avides
Marchands de bois,
Et voulant que l’azur nous voie
Contents, ayons
Les prunelles pleines de joie
Et de rayons!
16 juin 1888.