Le monde est méchant
Le monde est méchant, ma petite :
Avec son sourire moqueur
Il dit qu’à ton côté palpite
Une montre en place de coeur.
Pourtant ton sein ému s’élève
Et s’abaisse comme la mer,
Aux bouillonnements de la sève
Circulant sous ta jeune chair.
Le monde est méchant, ma petite :
Il dit que tes yeux vifs sont morts
Et se meuvent dans leur orbite
A temps égaux et par ressorts.
Pourtant une larme irisée
Tremble à tes cils, mouvant rideau,
Comme une perle de rosée
Qui n’est pas prise au verre d’eau.
Le monde est méchant, ma petite :
Il dit que tu n’as pas d’esprit,
Et que les vers qu’on te récite
Sont pour toi comme du sanscrit.
Pourtant, sur ta bouche vermeille,
Fleur s’ouvrant et se refermant,
Le rire, intelligente abeille,
Se pose à chaque trait charmant.
C’est que tu m’aimes, ma petite,
Et que tu hais tous ces genslà.
Quittemoi ; comme ils diront vite :
Quel coeur et quel esprit elle a !
Emaux et camées