Elizir d’Amor
Tu ne me veux pas en rêve,
Tu m’auras en cauchemar !
T’écorchant au vif, sans trêve,
Pour moi.., pour l’amour de l’art.
Ouvre : je passerai vite,
Les nuits sont courtes, l’été…
Mais ma musique est maudite,
Maudite en l’éternité !
J’assourdirai les recluses,
Ereintant à coups de pieux,
Les Neuf et les autres Muses…
Et qui n’en iront que mieux !…
Répéterai tous mes rôles
Borgnes et d’aveugle aussi…
D’ordinaire tous ces drôles
Ont assez bon oeil ici :
A genoux, haut Cavalier,
A pied, traînant ma rapière,
Je baise dans la poussière
Les traces de Ton soulier !
Je viens, Pèlerin austère,
Capucin et Troubadour,
Dire mon bout de rosaire
Sur la viole d’amour.
Bachelier de Salamanque,
Le plus simple et le dernier…
Ce fonds jamais ne me manque :
Tout voeux ! et pas un denier !
Retapeur de casseroles,
Sale Gitan vagabond,
Je claque des castagnoles
Et chatouille le jambon…
Pasdeloup, loup sur la face,
Moi chienloup maraudeur,
J’erre en offrant de ma race :
PurDonJuanduCommandeur.
Maîtresse peut me connaître,
Chien parmi les chiens perdus :
Abeilard n’est pas mon maître,
Alcibiade non plus !
Les Amours jaunes