Steam-boat
A une passagère.
En fumée elle est donc chassée
L’éternité, la traversée
Qui fit de Vous ma soeur d’un jour,
Ma soeur d’amour ! …
Làbas : cette mer incolore
Où ce qui fut Toi flotte encore…
Ici : la terre, ton écueil,
Tertre de deuil !
On t’espère là… Va légère !
Qui te bercera, Passagère?…
Ô passagère [de] mon coeur,
Ton remorqueur ! …
Quel ménélas, sur son rivage,
Fait le pied ?… Va, j’ai ton sillage…
J’ai, quand il est là voir venir,
Ton souvenir !
Il n’aura pas, lui, ma Peureuse,
Les sauts de ta gorge houleuse !…
Tes sourcils salés de poudrain
Pendant un grain !
Il ne t’aura pas : effrontée !
Par tes cheveux au vent fouettée !…
Ni, durant les longs quarts de nuit,
Ton doux ennui…
Ni ma poésie où : Posée,
Tu seras la mouette blessée,
Et moi le flot qu’elle rasa…,
Et coetera.
Le large, bête sans limite,
Me paraîtra bien grand, Petite,
Sans Toi ! … Rien n’est plus l’horizon
Qu’une cloison,
Qu’elle va me sembler étroite !
Tout seul, la boîte à deux ! … la boîte
Où nous n’avions qu’un oreiller
Pour sommeiller.
Déjà le soleil se fait sombre
Qui ne balance plus ton ombre,
Et la houle a fait un grand pli…
Comme l’oubli !
Ainsi déchantait sa fortune,
En vigie, au sec, dans la hune,
Par un soir frais, vers le matin,
Un pilotin.
Les Amours jaunes