Emma
Emma d’un clair ruisseau regardait l’onde pure,
Et n’y voyait pas ses attraits ;
Près d’elle il murmurait sous un ombrage frais,
Sans qu’elle entendît son murmure.
Une douce pâleur à ses touchants appas
Semblait donner de nouveaux charmes :
Immobile et pensive, Emma ne pleurait pas,
Elle laissait tomber ses larmes.
Mais un soupir enfin vient soulager son cœur.
« Oh ! non, dit-elle avec douleur,
Non, non, Silvain n’est plus le même.
En vain il me vante sa foi ;
En vain, s’il revient près de moi,
Touché de ma tristesse, il dit encore qu’il m’aime
Il le dit, et des pleurs reviennent m’oppresser !
Ah ! Dans ses yeux j’ai trop su lire :
Il y pense pour me le dire ;
II le disait sans y penser. »