À l’obéissance passive (III)
III.
Cet homme fait venir, à l’heure où la nuit voile
Paris dormant encor.
Des généraux français portant la triple étoile
Sur l’épaulette d’or ;
Il leur dit : « Ecoutez, pour vos yeux seuls j’écarte
L’ombre que je répands ;
Vous crûtes jusqu’ici que j’étais Bonaparte,
Mon nom est Guet-apens.
« C’est demain le grand jour, le jour des funérailles
Et le jour des douleurs.
Vous allez vous glisser sans bruit sous les murailles
Comme font les voleurs ;
« Vous prendrez cette pince, à mon service usée,
Que je cache sur moi,
Et vous soulèverez avec une pesée
La porte de la loi ;
« Puis, hourrah ! sabre au vent, et la police en tête !
Et main basse sur tout,
Sur vos chefs africains, sur quiconque est honnête,
Sur quiconque est debout,
« Sur les représentants, et ceux qu’ils représentent,
Sur Paris terrassé !
Et je vous paîrai bien ! » les généraux consentent
Vidocq eût refusé.
Jersey, du 7 au 13 janvier 1853.