À monsieur Fontaney
Quot libras in duce summo ?
JUVENAL.
C’est une chose grande et que tout homme envie
D’avoir un lustre en soi qu’on répand sur sa vie,
D’être choisi d’un peuple à venger son affront,
De ne point faire un pas qui n’ait trace en l’histoire,
Ou de chanter les yeux au ciel, et que la gloire
Fasse avec un regard reluire votre front.
Il est beau de courir par la terre usurpée,
Disciplinant les rois du plat de son épée,
D’être Napoléon, l’empereur radieux ;
D’être Dante, à son nom rendant les voix muettes.
Sans doute ils sont heureux les héros, les poètes,
Ceux que le bras fait rois, ceux que l’esprit fait dieux !
Il est beau, conquérant, législateur, prophète,
De marcher, dépassant les hommes de la tête ;
D’être en la nuit de tous un éclatant flambeau ;
Et que de vos vingt ans vingt siècles se souviennent !…
– Voilà ce que je dis : puis des pitiés me viennent
Quand je pense à tous ceux qui sont dans le tombeau !
Le 16 juillet 1829.