Il est des jours abjects où, séduits par la joie

Victor Hugo
par Victor Hugo
0 vues
0.0

Il est des jours abjects où, séduits par la joie
Sans honneur,
Les peuples au succès se livrent, triste proie
Du bonheur.

Alors des nations, que berce un fatal songe
Dans leur lit,
La vertu coule et tombe, ainsi que d’une éponge
L’eau jaillit.

Alors, devant le mal, le vice, la folle,
Les vivants
Imitent les saluts du vil roseau qui plie
Sous les vents.

Alors festins et jeux ; rien de ce que dit l’âme
Ne s’entend ;
On boit, on mange, on chante, on danse, on est infâme
Et content.

Le crime heureux, servi par d’immondes ministres,
Sous les cieux
Rit, et vous frissonnez, grands ossements sinistres
Des aïeux.

On vit honteux, les yeux troubles, le pas oblique,
Hébété
Tout à coup un clairon jette aux vents : République !
Liberté !

Et le monde, éveillé par cette âpre fanfare,
Est pareil
Aux ivrognes de nuit qu’en se levant effare
Le soleil.

Jersey, 1853.

Victor Hugo

Qu’en pensez-vous ?

Partagez votre ressenti pour Victor Hugo

Noter cette création
1 Étoile2 Étoiles3 Étoiles4 Étoiles5 Étoiles Aucune note
Commenter

Votre plume est une baguette magique. Enchantez notre forum de poésie.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


Nouveau sur LaPoesie.org ?

Première fois sur LaPoesie.org ?


Rejoignez le plus grand groupe d’écriture de poésie en ligne, améliorez votre art, créez une base de fans et découvrez la meilleure poésie de notre génération.