Le trouble-fête
Les belles filles sont en fuite
Et ne savent où se cacher.
Brune et blonde, grande et petite,
Elles dansaient près du clocher ;
Une chantait, pour la cadence ;
Les garçons aux fraîches couleurs
Accouraient au bruit de la danse,
Mettant à leurs chapeaux des fleurs ;
En revenant de la fontaine,
Elles dansaient près du clocher.
J’aime Toinon, disait le chêne ;
Moi, Suzon, disait le rocher.
Mais l’homme noir du clocher sombre
Leur a crié : Laides ! fuyez !
Et son souffle brusque a dans l’ombre
Eparpillé ces petits pieds.
Toute la danse s’est enfuie,
Les yeux noirs avec les yeux bleus,
Comme s’envole sous la pluie
Une troupe d’oiseaux frileux.
Et cette déroute a fait taire
Les grands arbres tout soucieux,
Car les filles dansant sur terre
Font chanter les nids dans les cieux.
Qu’a donc l’homme noir ? disentelles.
Plus de chants ; car le noir témoin
A fait bien loin enfuir les belles,
Et les chansons encor plus loin.
Qu’a donc l’homme noir ? Je l’ignore,
Répond le moineau, gai bandit ;
Elles pleurent comme l’aurore.
Mais un myosotis leur dit :
Je vais vous expliquer ces choses.
Vous n’avez point pour lui d’appas ;
Les papillons aiment les roses,
Les hiboux ne les aiment pas.
L’art d’être grand-père