Patria
(Musique de Beethoven)
Là-haut qui sourit ?
Est-ce un esprit ?
Est-ce une femme ?
Quel front sombre et doux !
Peuple, à genoux !
Est-ce notre âme
Qui vient à nous ?
Cette figure en deuil
Paraît sur notre seuil,
Et notre antique orgueil
Sort du cercueil.
Ses fiers regards vainqueurs
Réveillent tous les cœurs,
Les nids dans les buissons,
Et les chansons.
C’est l’ange du jour ;
L’espoir, l’amour
Du cœur qui pense
Du monde enchanté
C’est la clarté.
Son nom est France
Ou Vérité.
Bel ange, à ton miroir
Quand s’offre un vil pouvoir,
Tu viens, terrible à voir,
Sous le ciel noir.
Tu dis au monde : Allons !
Formez vos bataillons !
Et le monde ébloui
Te répond : Oui.
C’est l’ange de nuit.
Rois, il vous suit,
Marquant d’avance
Le fatal moment
Au firmament.
Son nom est France
Ou Châtiment.
Ainsi que nous voyons
En mai les alcyons,
Voguez, ô nations,
Dans ses rayons !
Son bras aux cieux dressé
Ferme le noir passé
Et les portes de fer
Du sombre enfer.
C’est l’ange de Dieu.
Dans le ciel bleu
Son aile immense
Couvre avec fierté
L’humanité.
Son nom est France
Ou Liberté !
Jersey, septembre 1853.