Sous les arbres
Ils marchaient à côté l’un de l’autre ; des danses
Troublaient le bois joyeux ; ils marchaient, s’arrêtaient,
Parlaient, s’interrompaient, et, pendant les silences,
Leurs bouches se taisant, leurs âmes chuchotaient.
Ils songeaient ; ces deux coeurs, que le mystère écoute,
Sur la création au sourire innocent
Penchés, et s’y versant dans l’ombre goutte à goutte,
Disaient à chaque fleur quelque chose en passant.
Elle sait tous les noms des fleurs qu’en sa corbeille
Mai nous rapporte avec la joie et les beaux jours ;
Elle les lui nommait comme eût fait une abeille,
Puis elle reprenait : ‘Parlons de nos amours.
‘Je suis en haut, je suis en bas’, lui disaitelle,
‘Et je veille sur vous, d’en bas comme d’en haut.’
Il demandait comment chaque plante s’appelle,
Se faisant expliquer le printemps mot à mot.
O champs ! il savourait ces fleurs et cette femme.
O bois ! ô prés ! nature où tout s’absorbe en un,
Le parfum de la fleur est votre petite âme,
Et l’âme de la femme est votre grand parfum !
La nuit tombait ; au tronc d’un chêne, noir pilastre,
Il s’adossait pensif ; elle disait : ‘Voyez
‘Ma prière toujours dans vos cieux comme un astre,
‘Et mon amour toujours comme un chien à tes pieds.’
Les contemplations