Vois, cette branche est rude, elle est noire

Victor Hugo
par Victor Hugo
0 vues
0.0

Ô les tendres propos et les charmantes choses
Que me disait Aline en la saison des roses !
Doux zéphyrs qui passiez alors dans ces beaux lieux.
N’en rapportiez-vous rien à l’oreille des dieux ?

SEGRAIS.

Vois, cette branche est rude, elle est noire, et la nue
Verse la pluie à flots sur son écorce nue ;
Mais attends que l’hiver s’en aille, et tu vas voir
Une feuille percer ces noeuds si durs pour elle,
Et tu demanderas comment un bourgeon frêle
Peut, si tendre et si vert, jaillir de ce bois noir.

Demande alors pourquoi, ma jeune bien-aimée,
Quand sur mon âme, hélas ! endurcie et fermée,
Ton souffle passe, après tant de maux expiés,
Pourquoi remonte et court ma sève évanouie,
Pourquoi mon âme en fleur et tout épanouie
Jette soudain des vers que j’effeuille à tes pieds !

C’est que tout a sa loi, le monde et la fortune ;
C’est qu’une claire nuit succède aux nuits sans lune ;
C’est que tout ici-bas a ses reflux constants ;
C’est qu’il faut l’arbre au vent et la feuille au zéphire ;
C’est qu’après le malheur m’est venu ton sourire ;
C’est que c’était l’hiver et que c’est le printemps !

Victor Hugo

Qu’en pensez-vous ?

Partagez votre ressenti pour Victor Hugo

Noter cette création
1 Étoile2 Étoiles3 Étoiles4 Étoiles5 Étoiles Aucune note
Commenter

Votre plume est une baguette magique. Faites de notre forum un lieu enchanté, à la manière de Cocteau.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


Aucun poème populaire trouvé ces 7 derniers jours.

Nouveau sur LaPoesie.org ?

Première fois sur LaPoesie.org ?


Rejoignez le plus grand groupe d’écriture de poésie en ligne, améliorez votre art, créez une base de fans et découvrez la meilleure poésie de notre génération.