Cité violette interdite
Elle est bâtie à l’image de Pei-king, capitale du Nord, sous un climat chaud à l’extrême ou plus froid que l’extrême froid.
À l’entour, les maisons des marchands, l’hôtellerie ouverte à tout le monde avec ses lits de passage ses mangeoires et ses fumiers.
En retrait, l’enceinte hautaine, la Conquérante aux âpres remparts, aux redans, aux châteaux d’angles pour mes bons défenseurs.
Au milieu, cette muraille rouge, réservant au petit nombre son carré d’amitié parfaite.
Mais, centrale, souterraine et supérieure, pleine de palais, de lotus, mes eaux mortes, d’eunuques et de porcelaines, — est ma Cité Violette interdite.
o
Je ne la décris pas ; je ne la livre pas ; j’y accède par des voies inconnues. Unique, unique et solitaire, mâle étrange dans ce troupeau servant, je n’enseigne pas ma retraite : mes amis, si l’un d’eux songeait à l’Empire !
Or, j’ouvrirai la porte et Elle entrera, l’attendue, la toute-puissante et la tout inoffensive,
Pour régner, rire et chanter parmi mes palais, mes lotus, mes eaux mortes, mes eunuques et mes vases,
Pour, — la nuit où elle comprendra, — être doucement poussée dans un puits.