Du bout du sabre
Nous autres, sur nos chevaux, n’entendons rien aux semailles. Mais toute terre labourable au trot, qui se peut courir dans l’herbe,
Nous l’avons courue.
Nous ne daignons point bâtir murailles ni temples, mais toute ville qui se peut brûler avec ses murs et ses temples,
Nous l’avons brûlée.
Nous honorons précieusement nos femmes qui sont toutes d’un très haut rang
Mais les autres qui se peuvent renverser, écarter et prendre,
Nous les avons prises.
Notre sceau est un fer de lance : notre habit de fête une cuirasse où la rosée cristallise : notre soie est tissée de crins. L’autre, plus douce, qui se peut vendre,
Nous l’avons vendue.
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Sans frontières, parfois sans nom, nous ne régnons pas, nous allons. Mais tout ce que l’on taille et fend, ce que l’on cloue et qu’on divise…
Tout ce qui peut se faire, enfin, du bout du sabre,
Nous l’avons fait.