Édit funéraire
Moi l’Empereur ordonne ma sépulture : cette montagne hospitalière, le champ qu’elle entoure est heureux. Le vent et l’eau dans les veines de la terre et les plaines du vent sont propices ici. Ce tombeau agréable sera le mien.
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Barrez donc la vallée entière d’une arche quintuple : tout ce qui passe est ennobli.
Étendez la longue allée honorifique : — des bêtes ; des monstres ; des hommes.
Levez là-bas le haut fort crénelé. Percez le trou solide au plein du mont.
Ma demeure est forte. J’y pénètre. M’y voici. Et refermez la porte, et maçonnez l’espace devant elle. Murez le chemin aux vivants.
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Je suis sans désir de retour, sans regrets, sans hâte et sans haleine. Je n’étouffe pas. Je ne gémis point. Je règne avec douceur et mon palais noir est plaisant.
Certes la mort est plaisante et noble et douce. La mort est fort habitable. J’habite dans la mort et m’y complais.
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Cependant, laissez vivre, là, ce petit village paysan. Je veux humer la fumée qu’ils allument dans le soir.
Et j’écouterai des paroles.