Hymne au Dragon couché
Le Dragon couché : le ciel vide, la terre lourde, les nuées troubles ; soleil et lune étouffant leur lumière : le peuple porte le sceau d’un hiver qu’on n’explique pas.
Le Dragon bouge : le brouillard aussitôt crève et le jour croît. Une rosée nourrissante remplit la faim. On s’extasie comme à l’orée d’un printemps inespérable.
Le Dragon s’ébroue et prend son vol : à Lui l’horizon rouge, sa bannière, le vent en avant-garde et la pluie drue pour escorte. Riez d’espoir sous la crépitation de son fouet lancinant : l’éclair.
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Hé ! Las ! hé, Dragon couché ! Enspiralé ! Héros paresseux qui sommeille en l’un de nous, inconnu, engourdi, irrévélé,
Voici des figues, voici du vin tiède, voici du sang : mange et bois et flaire : nos manches agitées t’appellent à grands coups d’ailes.
Lève-toi, révèle-toi, c’est le temps. D’un seul bond saute hors de nous ; et pour affirmer ton éclat,
Cingle-nous du serpent de ta queue, fais-nous malades au clin de tes petits yeux, mais brille hors de nous, — oh ! brille !