L’Amour sous sa loy
L’Amour sous sa loy
N’a jamais eu d’Amant plus heureux que moy ;
Benit soit son flambeau,
Son carquois, son bandeau,
Je suis amoureux,
Et le Ciel ne voit point d’Amant plus heureux.
Mes jours et mes nuits
Ont bien peu de repos, et beaucoup d’ennuis ;
Je me meurs de langueur,
J’ay le feu dans le coeur,
Je suis amoureux,
Et le Ciel ne voit point d’Amant plus heureux.
Mortels déplaisirs,
Qui venez traverser mes justes desirs,
Je ne crains point vos coups,
Car, enfin, malgré vous,
Je suis amoureux,
Et le Ciel ne voit point d’Amant plus heureux.
A tous ses martyrs
L’Amour donne en leurs maux de secrets plaisirs ;
Je cheris ma douleur,
Et dedans mon malheur,
Je suis amoureux,
Et le Ciel ne voit point d’Amant plus heureux.
Les yeux qui m’ont pris,
Payeroient tous mes maux avec un soûris,
Tous leurs traits me sont doux,
Mesme dans leur courroux,
Je suis amoureux,
Et le Ciel ne voit point d’Amant plus heureux.
Cloris eut des Cieux,
En naissant, la faveur et l’amour des Dieux,
Je la veux adorer,
Et sans rien esperer,
J’en suis amoureux,
Et le Ciel ne voit point d’Amant plus heureux.
Souvent le dépit,
Peut bien, pour quelque temps, changer mon esprit,
Je maudis sa rigueur,
Mais au fond de mon coeur,
J’en suis amoureux,
Et le Ciel ne voit point d’Amant plus heureux.
Estant dans les fers
De la belle Cloris, je chantay ces vers ;
Maintenant d’un sujet
Mille fois plus parfait,
Je suis amoureux,
Et le Ciel ne voit point d’Amant plus heureux.
La seule beauté,
Qui soit digne d’amour, tient ma liberté,
Et je puis desormais
Dire mieux que jamais,
Je suis amoureux,
Et le Ciel ne voit point d’Amant plus heureux.
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