À M. Le duc de La Feuillade

Voltaire
par Voltaire
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Conservez précieusement
L’imagination fleurie
Et la bonne plaisanterie,
Dont vous possédez l’agrément,
Au défaut du tempérament,
Dont vous vous vantez hardiment
Et que tout le monde vous nie.

La dame qui depuis longtemps
Connaît à fond votre personne,
A dit : hélas ! je lui pardonne
D’en vouloir imposer aux gens ;
Son esprit est dans son printemps,
Mais son corps est dans son automne.

Adieu, monsieur le gouverneur,
Non plus de province frontière,
Mais d’une beauté singulière,
Qui, par son esprit, par son cœur,
Et par son humeur libertine,
De jour en jour fait grand honneur
Au gouverneur qui l’endoctrine.

Priez le Seigneur seulement
Qu’il empêche que Cythérée
Ne substitue incessamment
Quelque jeune et frais lieutenant
Qui ferait sans vous son entrée
Dans un si beau gouvernement.

Voltaire

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