Chez Gaston, le notre
Ce que j’ai envie de dire
Tient en quelques mots enrobés de chocolat menthe,
Dans la vitrine sucre glace de la boulangerie d’en face
Où très souvent je me délasse,
Dans un jacuzzi d’îles flottantes
Et de millefeuilles au café
Dans son grand four
Gaston, le pâtissier
En prépare des petits,
Que l’on mange en une seule bouchée
Et ses mignardises bourgeonnantes et costumées,
Fondent sur le palais des rois et des reines
Comme sur ceux des énergumènes
Notre homme, aussi doué que Le Nôtre,
Mais c’est le notre,
Fait valser la chantilly en chantant la traviata
Tandis que sa dame aux camélias,
Accueille ceux qui ont un petit creux sous les côtes
Les croissants, confiseries
Éclats d’amandes, meringues et fruits confits
Dansent car, confidence,
Pendant leurs vacances
Ils ont un peu trempés dans l’alcool
D’un ciel d’étoiles Espagnol
Je plains les vaches dans leurs enclos
Condamner à regarder passer les Paris-Brest,
Que leur vie semble indigeste
À les voir filer sans cesse, j’en deviendrais marteau
Madame, s’il vous plait, je voudrais ce gâteau !
– Ce sera tout ? Me répond-elle,
Sa question est bien embarrassante,
Je tire nerveusement sur mes bretelles
J’ai peu d’argent sur moi,
J’achèterai bien toute la boutique
Me fera t’elle crédit, ou pas ?
William Braumann, 2016