les cœurs mauvais
les cœurs mauvais,
cœur endurci de malheur, rabattant sa vie, comme un forgeron son fer
cœur étanche de railleur, travaillant sa vie, comme un paysan sa terre
cœur volage de bonheur, picorant sa vie, comme une poule son grain
cœur tout crispé de pudeur, contrôlant sa vie, comme un cheminot son frein
cœur habillé de rancœur, endurant sa vie, comme un prisonnier son lot
cœur inlassable jouisseur, délivrant sa vie, comme un ivrogne son rot
cœur entaché de candeur, tâtonnant sa vie, comme un aveugle son mur
cœur orgueilleux de chasseur, exhibant sa vie, comme un sanglier sa hure
cœur capricieux et pleureur, mâchouillant sa vie, comme un bébé son doudou
cœur contrit sans ardeur, détaillant sa vie, comme un grand-père son moût
cœur de science et d’erreurs, proliférant sa vie, comme une obèse son gras
cœur familier des honneurs, remplissant sa vie, comme un artichaut son plat
cœur tout contracté de peur, esquivant sa vie, comme une proie sa flèche
cœur esclave des terreurs, étalant sa vie, comme une mendiante sa dèche
cœur chagriné et râleur, bredouillant sa vie, comme un bourgeois son droit
cœur en effronté menteur, imposant sa vie, comme la justice sa loi
cœur inlassablement joueur, défendant sa vie, comme une reine son pion
cœur excité et coureur, reluquant sa vie, comme une lionne son lion
cœur obsédé de douleur, étirant sa vie, comme un retraité son corps
cœur précédé d’une odeur, enterrant sa vie, comme un croque-mort son mort
cœur d’apparente froideur, conciliant sa vie, comme une femme son lit
cœur avaricieux voleur, tamisant sa vie, comme un commerçant son riz
cœur préparé sans saveur, proclamant sa vie, comme un mariage son ban
cœur pénétré de raideur, clôturant sa vie, comme un nazillon son camp