Sibylles
Sibylles,
Vierges conditionnées aux lieux propitiatoires
universalisant tout l’aplomb théandrique (1)
par la quête soumise à l’oraison mantique
délivrèrent de leur geste l’imprévu oratoire,
instrumentalisées dans l’antre du destin,
au souffle d’Apollon en sa mythologie,
souffrantes cantillations sans une théalogie (2)
rassasièrent d’oracles l’inconnu d’un festin,
rebelles à tout mensonge défiant l’univers,
nourries de pain vous-mêmes par la main des augures
fiançailles éternelles à l’égal des dioscures (3)
partagèrent les méandres méconnus de la terre,
obéissantes aux hommes, d’une part de leurs vœux
concurrentes d’haruspices (4) comme le fut Plutarque
d’un art divinatoire tel un puissant thériaque (5)
donnèrent en guérison, le sens venu du dieu,
confondues si souvent au terme de la voie,
c’est à tord que vous fûtes appelées thaumaturges
alors manipulées par d’inconscients théurges (6)
quittèrent l’imposture, reconnue par la voix,
silencieuses devenues symbole du mystère
sans doute sœurs des prophètes, tueurs de goétie (7),
par l’effort nécessaire d’entendre la pythie,
se réitèrent nos jours soutenus et austères…
1 : théandrique, qui est à la fois de nature humaine et divine, sans toutefois être demi-dieu.
2 : théalogie, théologie féministe, étude du divin du point de vue féministe.
3 : dioscures, membres d’un couple divin.
4 : haruspice, devin, d’origine étrusque, qui faisait profession d’annoncer l’avenir.
5 : thériaque, se disait d’un médicament sous forme d’opiat et qui était employé comme stomachique et contre les morsures venimeuses.
6 : théurge, ceux qui pratiquent la théurgie, sorte de magie par laquelle on croyait entretenir commerce avec les divinités bienfaisantes.
7 : goétie, espèce de magie par laquelle on invoquait les génies malfaisants.